Article publié en 2012 sur www.communication-sensible.com
Magazine de la communication de crise et sensible | Directeur de la publication : Didier Heiderich - Publication Editeur : Observatoire International des Crises (OIC) - ISSN 2266-6575

Extrait du chapitre

"Une information est remplacée par une autre, parfois à un rythme vertigineux. Une information publiée en ligne peut être rapidement remise en question par un lecteur (qu’il soit journaliste ou pas), entrainant une valse de réponses, d’infirmations, de démentis, voire d’excuses... Le journaliste peut aussi se trouver pris à parti dès la publication de son article. Les commentaires des lecteurs l’invitent à apporter plus de précisions, à justifier ses sources, voire à expliquer son traitement ou son analyse de l’information. Il se trouve presque dépossédé de son expertise, voire de son autorité comme auteur, par le lecteur, invité par le format numérique et les possibilités d’interactivité qui en découlent à opérer un nouveau cadrage du contenu éditorial. Avec l’actualisation permanente de l’écrit, le lecteur est invité à participer à l’écriture d’un texte désormais reconnu comme « lacunaire », c’est-à-dire ponctué de non-dits, qu’il revient à l’audience de combler.

Les conséquences de cette accélération sont doubles. La première est d’ordre temporel, et peut être résumée par les propos de Klinenberg en 2000 : « l’entrée dans l’ère numérique a modifié de façon radicale le cycle temporel présidant à la production de l’actualité : jusque-là régulier, celui-ci s’est transformé en un cyclone erratique et sans fin ». La seconde conséquence concerne l’écriture journalistique et sa réception. L’accélération implique une difficulté, voire une impossibilité, à fournir un texte aux frontières et au contenu bien définis. Le lecteur a alors l’impression de recevoir l’information « en kit à monter soi-même ».

Enfin, ces nouvelles pratiques, assimilées (à tort ou à raison) à une course vers le scoop exigent une mise en garde quant aux risques déontologiques élevés. En effet, la pratique du journalisme ne peut se résumer à livrer une information brute, mais une information éditorialisée. Quel que soit le média, le traitement de l’information reste une constante sacrée dans l’écriture journalistique."

Présentation du livre par l'éditeur :

L'Écrit à l'épreuve des médias du Moyen Âge à l'ère électronique
Sous la direction de Greta Komur-Thilloy et Anne Réach-Ngô

Comment définir l'écrit, lorsque celui-ci se manifeste, comme un discours toujours à la fois différé et en acte? Son efficacité relève-t- elle de la nature des textes produits, des pratiques d'écriture engagées, des modalités de communication mises en jeu? Réunissant les réflexions de spécialistes de linguistique, littérature, infocom, histoire des idées culturelles, du livre et de l'édition, cet ouvrage analyse la portée des mutations du support sur la reconfiguration des discours, de la naissance de l'imprimé au développement de la presse et à la révolution d'Internet.

This book analyzes the impact of mutations of the textual support on the reconfiguration of discourse, from the birth of the printed word to the development of the press and of the Internet revolution.